Comprendre

pour mieux anticiper

Notre territoire a connu en octobre dernier deux épisodes d’inondations majeurs qui ont marqué la vie de notre commune.
À huit jours d’intervalle, les 10 et 18 octobre, la Drouette et ses affluents ont atteint des niveaux historiques, dépassant même la crue de référence de 2016.

Ces événements exceptionnels trouvent leur origine dans une configuration météorologique particulière. Après un mois de septembre déjà très pluvieux (146 mm de précipitations), la première inondation a été déclenchée par des pluies intenses : 93 mm en 72 heures. La seconde crue, survenue le 18 octobre, a été causée par des orages violents, déversant localement jusqu’à 50 mm de pluie en seulement deux heures sur des sols déjà saturés.
Le bassin versant de la Drouette, qui s’étend sur 235 km² entre les Yvelines et l’Eure-et-Loir, présente des caractéristiques qui amplifient ces phénomènes. En amont, la forêt de Rambouillet, avec ses pentes marquées, accélère l’écoulement des eaux. Les vastes plateaux agricoles, représentant plus d’un tiers de la surface du bassin, ont également joué un rôle majeur : saturés d’eau, ils n’avaient plus la capacité d’absorber les précipitations, transformant les fossés en véritables torrents.

Contrairement à certaines inquiétudes, les inondations ne résultent pas d’une mauvaise gestion des vannes de l’étang de la Tour à Rambouillet. Les données sont claires : lors du premier épisode, la vanne de fond est restée fermée et le débit maximal sortant par le déversoir de sécurité n’a été que de 262 litres par seconde, une quantité minime comparée aux 29 600 litres par seconde mesurés en aval. Lors du second épisode, le débit de sortie total n’a pas dépassé 254 litres par seconde. Ces chiffres démontrent que la cause principale des inondations est la combinaison de plusieurs facteurs  : sols saturés, ruissellements intenses des plateaux agricoles et forestiers, et remontées de nappes.

Le SMAGER (Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion des Étangs et Rigoles) avait d’ailleurs anticipé les événements en abaissant préventivement le niveau de l’étang dès septembre, passant de 4,33 m à 4,05 m. Cette gestion préventive a permis de stocker plus de 280 000 m³ d’eau lors de chaque épisode, réduisant significativement l’impact des crues en aval.
Le 10 octobre, le pic de crue enregistré à la station de Saint-Martin-de-Nigelles a atteint 29,6 m³/s, dépassant légèrement le record de 2016 (29,4 m³/s). Cette mesure historique illustre l’ampleur du phénomène qui a touché notre territoire.
Sur Épernon, ces inondations ont fortement impacté un secteur allant de l’école de la Chevalerie sur Droue-sur-Drouette, jusqu’à l’avenue de la prairie et une partie des ruelles. De nombreux foyers, commerces et services de santé ont étés touchés. L’école intercommunale de la Chevalerie a été particulièrement impactée, à deux reprises.
Si les élus, agents communaux, inter-communaux et personnels de l’éducation nationale ont tout fait pour rouvrir l’école maternelle en quelques jours, l’école élémentaire a dû rester fermée jusqu’aux vacances scolaires. Les élèves ont pu être accueillis au sein des écoles de la Billardière et de Louis Drouet.
Cette nouvelle situation exceptionnelle nous rappelle l’importance de l’aménagement du territoire. La ville d’Épernon travaille activement avec l’ensemble des acteurs du territoire – État, Département, communauté de communes, Syndicat Mixte de la Drouette, de la Voise et de leurs affluents – pour améliorer notre résilience face à ces événements climatiques extrêmes.
La mise en place rapide du Plan Communal de Sauvegarde et la création d’une cellule de crise centralisée ont permis une gestion efficace de ces événements. Cette expérience conduit aujourd’hui la municipalité à renforcer ses outils de prévention et d’intervention, non pas pour empêcher les inondations, mais pour mieux protéger la population et limiter leurs impacts sur notre cadre de vie.

HEURE PAR HEURE :

LA SITUATION D’URGENCE DES 9 ET 10 OCTOBRE DERNIER

Dès le mardi 8 octobre, la Préfecture d’Eure-et-Loir informait la population de l’alerte météo relative à la tempête Kirk. Cette alerte, de niveau orange, débutait le mercredi 9 octobre à 10h, annonçait jusqu’à 90 voire 100mm de précipitations localement dans les prochaines heures.

Rapidement, dès le mardi midi, la ville d’Épernon relayait, comme de nombreuses autres collectivités, cette alerte à ses concitoyens via ses supports de communication. Les services municipaux, services techniques en tête se tenaient alors en alerte.
Mercredi 9 octobre, en fin d’après-midi, alors que la pluie tombe depuis plusieurs heures, c’est par la zone d’activité et par la rue des Quatre Filles que les premiers impacts sont déclarés sur notre territoire. Le ruissellement des eaux vient du sud d’Épernon, et bloque le passage autour du rond-point entre les rues des Quatre filles et les routes départementales 996 et 122 (vers Houdreville). Les services municipaux et le maire constatent rapidement la situation sur place. Une déviation est mise en place et une alerte publiée via les réseaux sociaux et les outils de communication de la ville.
Le magasin des laboratoires Expanscience est l’un des premiers à subir une inondation. Puis quelques dizaines de minutes plus tard, une alarme retentie dans la ville. Au bout de quelques minutes, l’information est relayée par les services municipaux  : il s’agit d’un court-circuit sur un système de sécurité de l’entreprise Sealed’air. Celui-ci reste sans gravité, mais le décorum est posé. La pluie continue de tomber et ces premières alertes ne sont malheureusement qu’un début.
Les précipitations continueront toute la nuit. De nombreux habitants raconteront plus tard le cauchemar vécu cette nuit-là. Lorsque l’eau débordera des cours d’eau, de la Guéville et surtout de la Drouette au beau milieu de la nuit, l’impact sera très rapide. Les sols sont gorgés d’eau et le ruissellement depuis les bassins versants est maximal.

Dès 5h du matin, des agents municipaux des services techniques et l’élu d’astreinte constatent les rues impactées et mettent en place des déviations de circulation.
A 6h45, le maire déclenche le Plan Communal de Sauvegarde.
Au alentours de 7h du matin, la police municipale effectue un état des lieux officiel des différentes rues impactées par la montée des eaux.
Dès 8h, le maire et le Directeur Général des Services sont en contact direct avec la préfecture d’Eure-et-Loir, représentée tout d’abord par Mme Agnès Bonjean, sous-préfète et secrétaire générale. Très rapidement, l’état de l’inaccessibilité des écoles de la Chevalerie est établi. La rue des Charrons est partiellement inondée. Les transports scolaires desservant l’école (et l’école Louis Drouet) ne passeront pas. Les élèves ne pourront pas être accueillis. Les autres écoles ne seront pas impactées directement.
La médiathèque La Pergola est également inaccessible, comme l’ensemble de l’avenue de la Prairie, mais l’eau n’a pas pénétré l’intérieur du bâtiment.
A 8h40, les élus de la ville, supportés par les services techniques, ouvrent un « Centre d’Accueil des Impliqués », au gymnase le Closelet, afin d’accueillir l’ensemble des personnes qui en auront besoin. Sur place, une cellule de soutien psychologique est mise à disposition par une psychologue professionnelle et élue de la ville.
Très rapidement, la nécessité de coordonner les services de secours et d’intervention est identifiée. François Belhomme, maire, propose alors la tenue d’une cellule de crise en salle des Tourelles, à la mairie.
A 10h30, cette cellule est alors activée. Elle regroupe, autour du maire, les responsables locaux de la coordination des sapeurs-pompiers, de la gendarmerie nationale, de la police municipale, des élus et des services de la ville. Toute la journée, les informations entrantes seront analysées, traitées et déployées sur le terrain depuis cette salle.
A 10h40, un échange avec le Syndicat Mixte de la Drouette, de la Voise et de leurs Affluents (S.M.D.V.A.) permet d’envisager des premières prévisions. Le point de crue maximal pourrait être atteint vers 19h le soir.
Après plusieurs premiers messages diffusés en urgence, un premier point conséquent de la situation est communiqué aux citoyens à 11h30. Une cinquantaine d’interventions ont alors été traitées ou sont en cours de traitement par les services d’urgences, sapeurs-pompiers en tête. Afin d’anticiper les futures déclarations pour obtenir la reconnaissance en catastrophe naturelle un email dédié est créé, permettant à chaque sinistré de se signaler en mairie.

Les interventions se poursuivront tout au long de la journée pour évacuer des habitants ayant leur domicile touché (jusqu’à 1 mètre d’eau chez certains). Des familles sont mises en sécurité, avec de jeunes enfants, des personnes à mobilité réduites secourues. Les pom-piers bénéficient alors du renfort d’un bateau et de plongeurs spécialisés.
En début d’après-midi, un pilote de drone sera détaché par les services de secours afin de réaliser des images aériennes. Ces images permettront à l’ensemble de la cellule de crise d’avoir une vue d’ensemble et d’envisager des interventions et mises en sécurité qui n’avaient jusque-là pas été planifiées.
Aux alentours de 14h30, Christophe Le Dorven, président du conseil départemental d’Eure-et-Loir, président du SDIS 28, accompagné de Marc Guerreni, conseiller département et vice-président du SDIS 28, ainsi que Stéphane Lemoine, vice-président du conseil départemental et président de la communauté de communes des Portes Euréliennes d’Ile-de-France sont venus soutenir l’ensemble des acteurs en charge de la crise. Ils ont félicité les acteurs locaux quant à l’organisation mise en place et le président Le Dorven a rappelé que les SDIS son subventionnés par les collectivités locales. Il faut alors saluer les moyens mis à disposition qui permettent les interventions dans ce type d’urgence.

Le 10 octobre, on a pu compter une vingtaine de personnes prises en charge au centre d’accueil d’urgence du Closelet. L’accueil s’est poursuivi tard le soir, une équipe de la Croix Rouge ayant été dépêchée sur place pour maintenir la permanence. Les personnes n’ayant pu rentrer à leur domicile ont été relogées principalement à l’Épi Hôtel, où des chambres ont été réquisitionnées par la mairie et le Centre Communal d’Action Sociale. En lien avec leurs assureurs, de nombreux habitants ont pu bénéficier d’hébergement en hôtel, sur Épernon ou ailleurs.

Le 11 octobre, après une décrue rapide, l’ensemble des rues de la ville sont rouvertes à la circulation. Les élus réalisent un porte à porte pour accompagner les habitants et les informer des démarches à réaliser et les services techniques se relaient pour accompagner les sinistrés à dégager leurs propriétés et commencent des tours avec leurs camions pour dégager les encombrants. Il faudra toutefois attendre plusieurs jours, voire semaines, que les experts passent pour que les habitants puissent évacuer l’intégralité des biens touchés.

Ce vendredi 11 octobre, François Belhomme, maire, a reçu la visite et le soutien appuyé d’Hervé Jonathan, préfet d’Eure-et-Loir. Il a pu lui faire visiter la ville  : du conservatoire des meules et pavés (bâtiment municipal le plus touché) aux rues du Grand Pont et Péju, échangeant par exemple avec M. Franc et M. Linet, dont la pharmacie et le cabinet de kinésithérapie ont été particulièrement impactés. M. le Préfet a profité de ces échanges pour rassurer  élus et sinistrés  : l’État réagira rapidement et prononcera la reconnaissance en catastrophe naturelle quelques jours plus tard.

Le mardi 15 octobre, c’était au tour de Jean-Philippe Agresti, recteur de la région académique Centre-Val de Loire, accompagné d’Evelyne Mège, directrice académique d’Eure-et-Loir de venir visiter les écoles de la ville. Reçus par M. le maire, les représentants de l’éducation nationale sont venus saluer le travail et le dévouement de l’ensemble des acteurs de la chaine éducative du territoire qui ont œuvré conjointement pour permettre le transfert des élèves des classes élémentaires de la Chevalerie vers les écoles sparnoniennes ainsi que la réouverture rapide de l’école maternelle de la Chevalerie. D’abord reçu à l’école élémentaire de la Billardière qui accueille temporairement 55 élèves (77 à Louis Drouet), l’ensemble de la délégation s’est ensuite rendu à l’école de la Chevalerie afin de visiter les locaux touchés par les inondations.

Quelques jours plus tard, l’école sera malheureusement touchée une nouvelle fois par les inondations du 18 octobre et ne pourra rouvrir qu’à la rentrée de novembre. Ces nouvelles inondations, bien qu’exceptionnelles, n’impacteront pas autant notre territoire.
La ville d’Épernon, ses élus et l’ensemble des agents municipaux se tiennent aux côtés des habitants. Face à ces situations d’urgence, ils travaillent chaque jour à vous accompagner.